Login

Conservatoires, Lab’, Ressourceraie : valoriser le potentiel des collections (1re partie)

Il existe de prometteuses filières innovantes pour la valorisation des végétaux, de leurs « déchets » ou coproduits. C’est le credo de La Ressourceraie, via plusieurs « Lab’ ». Depuis 2018, l’entreprise s’est intéressée notamment aux tomates et agrumes. Roses, mûriers, arbres, pomme, carotte, saule et vigne… suivent rapidement.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Assemblez un château, un conservatoire, des chercheurs, des artisans et secouez. Mettez alors un incubateur pour liant, vous obtiendrez une multitude d’équipes qui vont tenter de trouver toutes les valorisations possibles d’un genre ou d’un groupe végétal ! C’est le principe de La Ressourceraie, auprès de laquelle horticulteurs, petits maraîchers, agriculteurs, les sociétés – créées ou naissantes, avec un produit ou un service – peuvent trouver appui.

La structure lie recherche fondamentale et appliquée, avec du développement artisanal. Son fondateur, Arnaud Lebert, passionné de fibres végétales, et son équipe sont à la recherche d’idées, créent, accompagnent les innovations – toutes issues des plantes – ouvrant ainsi des occasions de développement pour les filières aval en agriculture.

En ligne de mire : des solutions aussi bien dans la gastronomie, la création de pigments, le tourisme, la cosmétique, le tissage, la pédagogie, la présentation paysagère… et même jusqu’à la santé. Voire une utilisation ornementale, ce qui n’était pas la vocation initiale. De nouveaux usages peuvent aussi naître autour des applications liées à un problème social et/ou environnemental. Il n’y a pas de frontières, dans l’absolu.

L’originalité : La Ressourceraie s’appuie sur des conservatoires de végétaux et des propriétaires de châteaux en Val de Loire. Pour accélérer et faciliter des projets innovants, incuber des projets prometteurs, neuf « Lab’ », un par groupes de végétaux, ont été créés ou sont en bonne voie : Tomato Lab’, Citrus Lab’, Rosa Lab’, Morus Lab’, Xylo Lab’, Poma Lab’, Karoto Lab’, Salix­ Lab’ et Viti Lab’. Ces plateformes ont pour objectif de rassembler tous les acteurs – amont et aval – des filières concernées (qu’ils soient obtenteurs, producteurs, chercheurs, transformateurs…).

1.Tomato Lab’*, premier du genre (dès 2018)

C’est l’incubateur de projets innovants le plus développé par La Ressourceraie. Un « conservatoire national de la tomate » avait été créé à la fois par Louis-Albert de Broglie au château de la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire (37), et par Tomates de France, l’Association d’organisations de producteurs nationale (AOPn) présidée par Laurent Bergé. Ses 700 variétés représentent « une ressource génétique et une diversité exceptionnelles, inexplorées et inexploitées de composés végétaux organiques et chimiques naturels à valoriser », affirment les protagonistes. Ainsi, des tomates déclassées (l’ensemble des composants : chair, pépins, fibres des tiges, feuilles, graines, pigments…) sont à même de donner des produits naturels mais aussi des coproduits et des services originaux. Le Tomato Lab’ va permettre d’analyser scientifiquement les propriétés des variétés, notamment sur les plans agroalimentaire, cosmétique, médicinal et industriel.

Par exemple, la manufacture de Maison Roze à Saint-Avertin, en proche banlieue de Tours (37), se tourne de plus en plus vers l’innovation. Elle travaille sur le tissage à partir de matières végétales (lin, chanvre), mais aussi avec la fibre tirée de la tige de tomate.

Les projets ne s’arrêtent pas là. Le Tomato Lab’ travaille en partenariat avec les départements recherche des universités ou des écoles. Il a par exemple signé­ une clause de confidentialité avec l’université de Tours pour d’autres innovations.

Autre partenaire : l’entreprise Cœur de couleur, dont l’activité a été reprise par Arnaud­ Lebert, également président de La Ressourceraie, qui crée des pigments de couleur naturels issus des déchets alimentaires d’origine végétale. À l’origine, Valérie Anne, créatrice de la société, avait débuté avec des invendus de tomates : du vert issu des tiges, mais aussi du rouge, de l’orange et du jaune avec les fruits.

2.Citrus Lab’

Depuis le printemps 2021, un nouveau projet implique le Citrus Lab’ autour d’un « conservatoire des agrumes » au château de la Roche-Morna, à Sainte-Gemmes-sur-Loire (49). Le site de l’ancien service de pédopsychiatrie du Cesame, une copro­priété de la commune de Sainte-Gemmes et d’Angers Loire Métropole, à vendre depuis dix ans, déserté depuis 2014, est cédé depuis juin 2021 au promoteur angevin Gilles Madre, président de P2l, associé au chef étoilé Pascal Favre d’Anne dans le projet « Songes et papilles ».

Un projet touristique, à partir de 2025, devrait comprendre un restaurant, un hôtel et une serre. Cette dernière verra se développer un « conservatoire des agrumes » qui fera intervenir La Ressourceraie. Pour mémoire, dès le xve siècle, le roi René d’Anjou rapporta des bergamotiers, des citronniers et des orangers dans le Val de Loire pour les cultiver. À partir de 1885, Cointreau, à Angers, a créé des liqueurs à base d’écorces d’oranges.

3.Xylo Lab’

Une démarche est en cours avec l’arboretum national des Barres, à Nogent-sur-Vernisson (45), et le conseil régional, afin d’étudier notamment la correspondance entre dureté du bois et sa couleur. Des discussions ont lieu avec la Région et l’État (propriétaire).

Odile Maillard

*https://www.conservatoiredelatomate.fr/portfolio/tomato-lab-incubateur-dinnovations-autour-de-la-tomate/

Dans notre prochaine édition : les projets autour des roses, des mûriers, de la pomme, des carottes, des saules et du raisin.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement